La cistude d'Europe est présente au deuxième étage du Muséum d'Orléans, dans une vitrine du diorama sur la Sologne, et au premier étage, dans la vitrine des tortues.
La cistude d'Europe ou tortue des marais ou encore tortue de Brenne (Emys orbicularis) est l'une des deux espèces de tortues d'eau douce indigènes présentes en France, avec l'Emyde lépreuse. Petite (10 à 20 cm), elle a une carapace peu bombée, de couleur sombre, ponctuée et rayée de jaune tout comme les pattes, la tête et la queue. Jeunes et femelles ont les yeux jaunes tandis que les mâles ont les yeux rouges ou orangés.
L'aire de répartition de la cistude d'Europe s'étend de la péninsule ibérique à l'ouest, à la mer d'Aral à l'est, et de la Pologne au nord jusqu'au Maghreb au sud. En France, les plus grosses populations de cistudes se situent dans les régions Aquitaine, Centre et Provence-Alpes-Côte d'Azur. En Sologne, la cistude est en limite nord de son aire de répartition française.
En Sologne, on retrouve la cistude d'Europe dans les étangs, les mares permanentes ou temporaires, les marais, les cours d'eau lents ou rapides, les canaux et les tourbières. Elle affectionne particulièrement les zones calmes et ensoleillées, à fond vaseux et à végétation aquatique flottante. Elle quitte l'eau pour la ponte, la dispersion des mâles, pour rejoindre ses sites d'hivernation, ou encore dans le cas de l'assèchement ou de la destruction de son milieu de vie.
Comme tous les reptiles, la chaleur corporelle de la cistude d'Europe provient du milieu extérieur. Son rythme de vie est par conséquent étroitement lié au soleil et à la température. La cistude se chauffe au soleil, soit en se laissant flotter à la surface de l'eau, soit, le plus souvent, à l'air libre sur des troncs d'arbres, des rochers, des berges ou des amas de végétaux. À l'automne, la cistude s'enfouit dans la vase qui la protège du gel, pour redevenir vraiment active au printemps.
Si la fin du développement embryonnaire est trop tardive, l'éclosion a lieu normalement sous terre, mais les jeunes restent enfermés dans leur nid jusqu'au printemps suivant.
Les accouplements ont lieu dans l'eau dès la sortie d'hivernation. Quelques semaines plus tard, la femelle réalise de grands trajets (jusqu'à 4 km) pour aller pondre ses oeufs dans un lieu sec et généralement éloigné de l'eau. Dans la terre ramollie par l'eau contenue dans ses vessies natatoires, la cistude creuse avec ses membres postérieurs une cavité d'une dizaine de centimètres dans laquelle elle dépose 3 à 13 oeufs avant de la reboucher et de retourner à son milieu de vie aquatique.
L'émergence a souvent lieu en septembre. Dans les jours qui suivent la ponte, les nids, et plus tard les petits, qui ont une carapace molle jusqu'à l'âge d'un ou deux ans, subissent très souvent l'attaque de prédateurs (renards, blaireaux, sangliers, putois, rats, hérons, corneilles et corbeaux). Les petits meurent aussi souvent dans le nid en se frayant un chemin vers l'air libre. Adulte, la cistude n'a plus guère d'ennemis, si ce n'est les installations et dérangements humains. Elle bénéficie d'une vie assez longue : de 30 à 70 ans (jusqu'à 100 ans en captivité).
La cistude d'Europe est principalement carnivore, bien qu'avec l'âge elle consomme de plus en plus de végétaux aquatiques. Elle se nourrit d'insectes aquatiques, de vers, de mollusques, de crustacés, d'oeufs de poisson et d'alevins, de poissons malades ou morts, de têtards et de petits vertébrés morts. Les jeunes se nourrissent presque exclusivement de petits invertébrés.
Les populations de cistude d'Europe déclinent sous la pression des activités humaines : destruction et dégradation des zones humides (pollution des eaux, drainage, canalisation, curage intensif, bétonnage), fragmentation des habitats (routes, autoroutes, urbanisation...), destruction involontaire des nids par les machines agricoles et compétition avec des espèces de tortues aquatiques introduites comme la tortue de Floride ou la tortue serpentine. Source de nourriture jusqu'au milieu du XIXème siècle, la cistude d'Europe a ensuite été recherchée pour la fabrication de préparations médicinales. Aujourd'hui, les tortues représentent plus un animal domestique qu'un gibier aux yeux des gens, bien que sa consommation perdure dans certains pays.
La cistude d'Europe détient le triste record de la plus forte régression chez les reptiles en Europe de 1970 à 1990, ce qui explique qu'elle soit protégée à l'échelle nationale depuis 1979 mais également à l'échelle européenne (annexe II de la Convention de Berne (protection de la vie sauvage), annexes II (protection de l'habitat) et IV (protection stricte d'une espèce) de la Directive "Habitat Faune et Flore") et à l'échelle mondiale (espèce quasi menacée sur la liste rouge de l'IUCN).
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