Les mammifères de Sologne au Muséum
d'Orléans : le blaireau européen

Le blaireau européen est présenté au deuxième étage du Muséum d'Orléans, dans le diorama sur les animaux de Sologne, dans la partie orée d'un bois.

Blaireau européen
Blaireau européen

Le blaireau européen (Meles meles), avec ses 70 cm de long pour une vingtaine de kg, est la plus grosse espèce de mustélidé d'Europe. Court sur pattes, à la silhouette massive, il se reconnaît à son pelage : gris sur le dessus, noir en dessous et sur les pattes, blanc sur la tête avec deux bandes noires qui traversent les yeux.

La queue, courte et touffue, possède à sa base des glandes odorantes qui permettent au blaireau de marquer son territoire et de se reconnaître entre membres d'un même clan.

La femelle, généralement de même taille que le mâle, s'appelle la blairelle. Les petits s'appellent les blaireautins.

Habitat du blaireau européen

On retrouve les blaireaux européens de l'Europe occidentale jusqu'à l'est de l'Asie. Ils sont fréquents en Sologne. Ils vivent dans des terriers qu'ils creusent de préférence au pied d'une butte ou d'un talus, dans les forêts de feuillus ou les forêts mixtes. Mais les terriers peuvent aussi se situer dans les champs, les clairières, les landes, les prairies, les haies, les cavités naturelles, et même dans les grands parcs au coeur des villes ou sous des bâtiments. Près de leurs terriers, on trouve souvent des mares ou des ruisseaux, mais aussi des arbres abattus, sources de jeux et réserves de nourriture.

Le blaireau est un animal fouisseur, capable de construire un terrier dans les sols les plus durs. Pour creuser les galeries, il peut remuer jusqu'à 40 tonnes de terre. Le plus souvent, le terrier possède de 3 à 10 entrées, distantes de 10 à 20 mètres. Mais certains terriers sont tellement importants qu'il y a 30 à 40 entrées, et que la surface totale occupée peut atteindre 2000 m2 (on parle alors de "donjon" ou de "forteresse"). Les nombreuses galeries, longues de 5 à 20 mètres, peuvent descendre jusqu'à 3 à 5 mètres de profondeur et desservir plusieurs étages. Certains terriers sont occupés et agrandis par des générations successives pendant des décennies, voire des siècles.

Les galeries les plus profondes mènent à des chambres principales de 1 m sur 0,50 m, où mâles, femelles et jeunes, passent la journée tranquillement à dormir ou à se reposer, sur des litières constituées de feuilles, de mousse et d'herbes séchées. Pour garnir et changer fréquemment les litières, le blaireau maintient les matériaux végétaux contre son menton avec ses pattes antérieures et les déplace à reculons. D'autres galeries servent de sorties de secours, d'aérations ou de chambres utilisées de façon plus irrégulière.

Reproduction du blaireau européen

Les mâles atteignent leur maturité sexuelle de 9 à 18 mois et les femelles entre 1 et 2 ans, mais, en général, la première reproduction ne se produit pas avant 2 ans au minimum. Le rut se déroule principalement du mois de janvier au mois de mars. Une femelle peut s'accoupler avec plusieurs mâles d'un même clan et peut être réceptive à d'autres périodes de l'année. L'ovule fécondé reste en attente pendant 3 à 10 mois avant de se fixer dans l'utérus. La gestation à proprement parler ne dure que 2 mois environ.

La portée de 1 à 5 blaireautins, qui peut être de plusieurs pères, reste avec la mère dans le terrier jusqu'à l'âge d'un mois et demi et est, en général, allaitée pendant 3 mois. L'âge du sevrage peut être retardé de 4 à 6 mois si la nourriture est rare. 50 % des jeunes périssent dans leur première année. La mortalité des adultes reste forte : environ 30 % par an, davantage chez les mâles, d’où la prépondérance des femelles. Le blaireau peut vivre au maximum 14 ans dans la nature et 16 ans en captivité.

Organisation sociale du blaireau européen

Les blaireaux européens forment des clans territoriaux, mais plusieurs clans peuvent se nourrir dans la même zone. Les femelles défendent chacune un territoire, mais celui d’un mâle peut en chevaucher plusieurs. On compte 2 à 8 adultes plus les jeunes par clan. Chaque membre d’un clan (sauf les jeunes) se nourrit solitairement. La toilette mutuelle est fréquente au sein du clan. Dans un terrier, 2 ou 3 blaireaux peuvent partager une chambre, mais en général chacun change de chambre et de compagnon au bout de quelques jours.

Mode de vie du blaireau européen

Anecdote

Les petits restent devant le terrier à jouer en attendant d'être nourris. Leurs jeux sont une imitation de la vie des grands (faire de fausses bagarres, creuser, trouver la litière propre et la rentrer à reculons).

Le blaireau a des moeurs nocturnes. Il ne sort que le soir venu pour faire ses besoins, s'épouiller, puis aller à la chasse. Le blaireau est en effet très propre et ne fait que rarement ses besoins dans le terrier, dans des chambres spéciales. Le plus souvent, il va déféquer à l'extérieur dans de petits trous en forme d'entonnoir (appelés pots), creusés à cet effet, et qu'il rebouche aussitôt après les avoirs utilisés. La séance d'épouillage, elle, consiste à se mettre sur le dos et à se gratter ventre et flancs avec les dents et les griffes pour éliminer poux et puces.

En hiver, le blaireau européen n'hiberne pas mais dort davantage, en vivant sur les réserves de graisse qu'il a accumulées pendant l'automne.

Le blaireau est un animal sociable et tolérant, d'où des cohabitations régulières, au sein de son terrier, avec d'autres espèces animales, telles que les lapins de garenne ou les renards. Il arrive que les renardeaux et les blaireautins jouent ensemble.

Alimentation du blaireau européen

Comme il est omnivore, le blaireau européen se nourrit de tout ce qu'il peut trouver lors de ses expéditions nocturnes : lombrics (environ 100 kg par an), limaces, insectes (il dévaste les nids de bourdons, d'abeilles et de guêpes), petits mammifères (campagnols, taupes), mollusques, batraciens, serpents (le venin des vipères ne lui fait aucun effet), racines, tubercules, champignons, baies sauvages, fruits (myrtilles, framboises), végétaux (graminées et rosacées). Plus rarement, il va consommer des oiseaux et des lapins handicapés ou morts, ainsi que du maïs.

C’est en automne qu’il passe le plus de temps (jusqu’à 10 heures par jour) à se nourrir. Le blaireau est plus carnivore au printemps et au début de l’été, et plus végétarien à la fin de l’été et en automne.

Conservation du blaireau européen

En France et dans les pays frontaliers, le blaireau a pâti dès les années 50 des campagnes de gazage de terriers censées lutter contre la rage transmise par les renards. Or si cela n'a jamais empêché le virus de progresser chaque année, en revanche les terriers gazés étaient souvent occupés par des blaireaux, qui mouraient soit d'asphyxie, soit sous les balles des chasseurs les attendant à la sortie. Certaines populations de blaireaux auraient ainsi diminué de 90% et étaient au bord de l'extinction. Le gazage fut interdit en France en 1991. Les effectifs de blaireaux se sont alors progressivement reconstitués.

Aujourd'hui, le blaireau doit toujours faire face à de nombreuses menaces : le trafic routier, en constante augmentation, la chasse, le braconnage, la dégradation ou la destruction de ses habitats.

Protégé dans de nombreux pays (Angleterre, Belgique, Pays-bas…), le blaireau européen est un gibier en France. Il est chassable soit par tir, soit par vénerie sous terre, aussi appelée déterrage. Son statut de conservation sur la liste rouge des espèces menacées de l'IUCN est "Préoccupation mineure".
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Le sanglier Le lièvre d'Europe
Dernière mise à jour : 30/09/2015
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